Salon littéraire 15-02-2020

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Régine Nobecourt-Seidel, lauréate des Jeux Floraux de Picardie 2018, a répondu à notre invitation.

Agrégée de lettres modernes, native de la Somme, elle effectue la plus grande partie de sa carrière enseignante à Amiens, puis la termine à Montpellier où elle vit désormais.

Imprégnée de la brume picarde, son oeuvre s’éclaire de la luminosite du sud.

Outre son travail de création, notre invité s’investit dans de nombreuses associations littéraires :

Sociétaire des Poètes Français

Membre de l’Académie Arts Sciences et Lettres de Paris

Membre des Poètes sans frontières

Membre des Écrivains Méditerranéens

Membre actif, comité de lecture de la Revue Souffles (revue internationale montpelliéraine depuis 1942)

Membre de AMAVICA (Capestang)

Membre de la Maison de la Poésie Jean Joubert de Montpellier

Elle anime des ateliers d’écriture à Montpellier et un Café littéraire mensuel. 

Sa bibliographie révèle son approche plurielle de l’écriture où se côtoient la gravité, l’humour, l’art, l’enfance. 

Elle est l’auteure de cinq recueils de poésie :

-       Pulsations du Cœur battant au Rêve d’Azur 

-       Les subtiles vibrations du cri de la vie 

-       La Petite Bleue - Avant que chantent les cigales

-       Réverbérations méditerranéennes- Zen attitude en Sud de France

-     Vanille citron chocolat

de deux recueils de nouvelles :

-       Convenances et préjugés 

-       Rose piment et bleu citron

d’un livre d’artiste avec l’artiste peintre Hélène Bécu

    Regards croisés 2

d’un livre d’humour

    Belle-mère garce ou sainte ?

d’un livre pour enfants     

    Chat roux

Quelques poèmes issus de ces ouvrages, ont été lus.

 Extraits du recueil : L’Amour, le vrai (2012)

DANS LE MAUVE DE NOS NUITS

Quand sous la mousseuse soie de sa mauve traîne
la nuit tous deux nous entraîne
et nous enclôt dans ce cocon de douceur
frémissant de notre double chaleur
le silence se fait léger et vaporeux.
Et pourtant notre pensée s’envole indocile
vers eux, tous ces enfants aux doigts agiles
qui, sans colère, sans haine, l’air même heureux
tissent du matin au soir leur destin
de poussière et de coton bleu.
Vapeurs torrides, ciel de feu.
Toux sèches. Pas de fleurs, pas de chagrin !
Dans notre souvenir, ils nous sourient.
Conscience pas si tranquille ! Merveilleux voyage !
Par terre, au pied du lit, comme un outrage
nos deux jeans s’enlacent.
Dans le lointain des voix prient.

DES AIRS DE LAGON

Nos projets qui s’ébrouent
dans des airs de lagon frissonnant
le cristal d’un rire d’enfant qui s’explose
sur la paroi de l’aigue-marine
des heures s’égrenant
les vibrations infimes
d’un souffle de ce vent
venu de si loin
Et c’est un après-midi
nimbé de promesses
c’est un dimanche d’été
qui s’étire et puis se brise

SIMPLEMENT LA VIE (2011)

 Gestes du peintre

ENCRE ROUGE

Sur l’échine de la nuit
Je jette l’encre rouge de mes ennuis.

Sur l’écran noir de mes nuits
Je projette l’audace de mes insomnies.

Sur le fond noir de la toile
quelle est donc cette douleur qui se dévoile ?

ENCRE NOIRE

Instinct révolutionnaire ?
Violence contestataire ?
Dans un geste involontaire
sur la toile sanguine
l’encre de Chine
fut projetée,
s’est égouttée
Et enfin a séché

POEVIE

Froides, douces, chaudes, expertes, baladeuses, 
vertes et calleuses, abîmées mais adroites, 
brûlantes ou glacées, fraîches ou bien moites
pleines, soignées, fermes, fines et guérisseuses, 
courtes, longues, larges, épaisses mais jolies,
et puis mains qui saisissent, mains jointes qui prient,
vous êtes deux alliées pour une unique vie.
Et main qui tient l’outil, main nue et qui bénit, 
main encore qui pardonne ou main qui caresse, 
main qui salue, main généreuse qui écrit,
ou cette main de fer ou celle que l’on presse, 
ou la main que l’on prend, puis celle que l’on baise,
main que l’on demande et puis celle qu’on nous donne,
main leste que pour finir on nous abandonne,
ô main magique, c’est dans ta paume qu’à l’aise
en quelques lignes se conte toute une vie !

 

AU FIL DES SAISONS (2011)

MON MEILLEUR ENNEMI

Je hais l’hiver, ce fieffé menteur !
Scintillement de la neige sous le soleil,
montagnes somptueuses, guirlandes des cieux,
Dieu, que c’est beau !
Nuits de lumières de décembre,
nuits floconneuses de janvier,
paix immaculée d’un matin silencieux,
enchantement de tous les sens !

Moi, le corps libre,
de lumière je vibre
dans la chaleur du bois qui pétille,
et je jubile.

Mais il faut vivre, il faut sortir !

Alors on s’emmaillote,
on se bouillotte,
on se moutonne, 
on s’encotonne,
on se bonbonne,
on s’encapuchonne,
on se crème,
on se graisse,
on se tartine,
on se gante, on se botte
on se fait pelote.

Quelle dégaine !

Et on met le nez dehors, il faut survivre !

Horreur ! Insupportables souffrances !
Et ça gratte et ça griffe,
et ça pique et ça irrite
et ça colle et ça gêne.
Enfer !

Et moi, le soir, enfin de toutes fibres libérée
de graisse débarrassée,
le corps de multiples pustules tourmenté,
devant le feu qui pétille, 
je geins et je m’étrille,
maudissant de l’hiver la traîtrise
en même temps que ma méprise.

Hiver ! Que je te hais !
Sous tes faux airs charmeurs,
tu n’es qu’un sacré oppresseur !

Moi, je me frotte et je gémis !
Loin de moi toutes ces laines, 
ces trames et ces chaînes
qui me capturent, me ligaturent
qui me torturent !

Oh ! Que je te hais hiver ensorceleur !

Et les nerfs en écheveaux
je me prends à rêver à l’ingénieux inventeur
de la Bulle, la bulle sur mesure,
la bulle protectrice, la bulle légère
toute d’air tiède et doux, 
bulle prêt-à-porter ou bulle haute couture,
bulle de chez Dior ou de chez H et M,
bulle pratique, bulle esthétique,
bulle mobile pour chacun
qui permettrait à tous de buller,
tranquilles au soleil de janvier,
en ville ou en campagne sur tous les sentiers.

Et tandis que mon imagination, je chevauche,
prisonnière consentante,
condamnée à l’attente
je regarde, par une vitre protégée,
le corps momentanément libéré
mais de quatre murs solidement entouré,
d’étranges créatures aux gestes empruntés 
Sur le chemin enneigé.
Humanoïdes désarticulés
qui, en deux courbés, 
semblent, têtes baissées,
lourdement lutter
contre quelque invisible coursier.

Et pourtant que d’éclatantes lumières !
Que de naturelles beautés !

Non, mensonges sans vertus !

Oh ! Hiver, je ne peux vraiment pas t’aimer !
D’ailleurs, je t’ai démasqué
Hiver, tu n’es qu’un usurpateur
un sanguinaire dictateur
comme tant d’autres
et je dois encore te supporter !

Vivement l’été et la liberté !

NOUS VENONS DE SI LOIN (2012)

 

ORIGINE

Et des vives eaux tumultueuses
surgit alors une vivante figure
ni reptile chimère
ni volatile éphémère
aussi bien poisson volant
qu’énigmatique oiseau nageant
au dessus, au-dedans
et bien au-delà des flots géniteurs.
Les écailles plumes
scintillant aux éclats
riant de mille feux, subtiles vibrations,
animent les ténèbres lumineuses.
La métamorphose génère l’avenir.
L’animal amphibien n’est qu’être en devenir.

PROMESSE

Explosion cosmique
stellaire déflagration
Les cieux s’illuminent

La boule de feu
se propulse sur le noir
ô filante étoile

Vives pulsations
asymptote de lumière
Vite faites un vœu

PULSATIONS DU CŒUR BATTANT AU REVE D’AZUR

RUBIS

Dans l’éclat d’une précieuse pierre
du ventre de la Terre déchirée
vers l’éblouissement solaire, ramenée,
la femme éternelle dévoreuse
se mire et s’extasie,
envieuse,
toute de désir frileuse
nimbée de la pourpre profonde du rubis.

L’ECRITURE C’EST LA VIE

L’écriture c’est la vie comme je l’ai dit l’ai écrit
c’est ma pensée c’est mon métier.
La poésie est acte nécessaire elle est dans la vie
elle est vie 
elle est en nous 
elle dit dans son saisissement la complexité
de l’être et du non être
elle est engagement.
On la porte tous en soi mais il faut la trans-mettre
elle doit se donner à entendre à voir à sentir
elle doit être échange 
elle est le Verbe percutant
elle est don à l’autre 
sans attente de retour.
N’est-ce pas tout simplement 
expression de l’Amour
le grand le vrai l’unique
par la voix par le scriptural par l’image qui la portent ?

Écrire créer faire passer à l’autre dans l’autre.
Volonté de vie de faire vivre. 
Je suis grosse de tous ces écrits
sur la feuille jamais posés.
Quel duel en moi chaque jour chaque nuit
frustration contre plénitude quotidienne…
Quelques lignes jetées sur feuilles volantes
papillons de nuits sans sommeil veillant sur vous
mes endormis mes poèmes de chair de pensées
qui se construisent 
que je regarde se battre avec le réel des jours.
Oui mes poèmes dès l’instant où je fus grosse de vous
c’est toi le grand blond aux yeux de mer 
qui s’affirmes
c’est toi le puîné le brun au regard brûlé 
qui des mots se joues
J’ai choisi luttant contre
tout orgueil d’être la toujours présente.

Aujourd’hui vous êtes loin 
autonomie de ce qui est créé
vous allez votre chemin
et le monde vous voit
vous lit
vous entend Vous
êtes ma vivante écriture.
Mes plus beaux poèmes c’est Vous !

Aujourd’hui sortent alors de moi ces
mots qui se précipitent
en ondes turbulentes avec la violence
de ce qui a été trop longtemps comprimé
élan sauvage de ce qui s’est senti indûment piégé
ça explose de partout 
en lieux les plus incongrus 
à la seconde la plus inattendue
Mais quelle joie ce 
nouvel enfantement !
Il faut même soin même protection même abnégation
autre plénitude quotidienne. Cette fois
c’est l’urgence qui le poème ordonne
Le temps n’est plus le même 
Conscience aiguë du passage
cette bien éphémère présence terrestre 
Sommes si fragiles lucioles 
au souffle cosmique livrées.

Demain ils seront là ceux qui auront pris chair de mots
toujours prêts à se donner
ils iront leur chemin
et le monde les verra
les lira
les écoutera… Ils
seront Eux aussi vivantes écritures
ils seront autres miennes créatures pérennes.

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